Stage avec Yves BLANC

Le week end du 15 et 16 juin, c’était le dernier stage de l’année organisé par Yves BLANC avant celui organisé cet été. Il clôturait l’ensemble des autres stages, qui ont tous porté cette année sur l’aspect global du corps dans le Taï Chi Chuan.

Je ne vais pas détailler les exercices de manière précise (il fallait venir !) mais juste indiquer les principaux parmi ceux que nous avons fait: une sorte de rappel pour ceux qui étaient là et une façon de donner envie pour les autres (peut-être…).

Le samedi a été consacré à la répétition d’exercices de base mais toujours utiles : travail à deux sur parer d’une main et sur lü (loï: tirer – mais on sait tous bien sûr que ce n’est pas tirer, comme Yves l’a répété très judicieusement. Même chose pour pousser …). L’idée étant d’y associer la jambe d’action et la jambe de poids, sans oublier de placer au préalable le centre soit vers l’avant (mouvement yang) ou l’arrière (mouvement yin), ce qui facilite l’exercice. La position consistant à avoir le centre entre deux poids étant préjudiciable et bloquant le mouvement (démontré par Yves).

Déroulement de la forme en nommant la jambe d’action.
Travail à deux sur le principe yin yang tête-main : peng (right), lü (right), an (backward), séparer (temps yin du repousser-an) (forward). Les tests sont effectués avec beaucoup de douceur ce qui permet de s’appliquer pour avoir une connection immédiate et plus fine. Ici les mouvements cités sont ceux du début de la forme. Pour certains, évidemment, si on change de côté on change aussi le sens du tête-main. Je le précise au cas où… Perso j’ai travaillé avec mon ami Kamal pour cet exercice (j’indique son prénom car ma mémoire associe automatiquement un partenaire à un exercice, du coup je retiens plus facilement et plus longuement l’exercice et la qualité mise en jeu de cette façon. J’ai remarqué ça avec le temps, c’est comme un marquage au fer rouge, la douleur en moins…).
Puis déroulement de la forme avec ce principe tout en nommant la jambe d’action et le centre: nous voilà à l’arc et la flèche (terme noble comme le dit Yves) ou au lance pierre (il s’agit bien sûr du Two to One de Maître Chu King Hung).

Le dimanche matin, après les échauffements classiques en passant par les Qi Gong et Yi Gong, on a attaqué fort: contact martial avec peng !
Direct au visage par l’adversaire: deux solutions pour la réponse en peng (parer d’une main).
– 1 – passer par l’extérieur puis avancer au contact du partenaire pour occuper son espace et enchaîner par le temps yin de la grue blanche à la tête ou aiguille au fond de la mer toujours niveau visage (le partenaire part en vrille, il est enroulé). Par précaution et sécurité on amorce à peine le temps yin. Il doit de toute façon être réalisé en douceur – si la force est présente le partenaire le sent et résiste, rien ne se passe, on est bloqué. A ce sujet, relisez l’article sur Sagawa et l’aïki (les contacts doivent être faits comme si le partenaire était un objet précieux et fragile).
– 2 – passer par l’intérieur : défense attaque en un seul temps avec le revers de la main qui atteint le visage du partenaire (ici, c’était Albert, qu’on ne présente plus). On envahit le partenaire.
Conseil perso du maître que je vous livre: ne pas passer par dessus le bras qui attaque (erreur que je faisais) mais franchement  le dévier par le geste ample et expansif du parer. Inutile de dire qu’on travaillait à vitesse rapide, et même réelle (et oui, au Taï Chi Chuan on va lentement pour pouvoir aller vite !!).

Les autres activités pratiquées furent:
– la poussée des deux mains avec le principe tête-main, où il est essentiel de fixer la tête et le regard sur le partenaire, tout en tournant largement le centre (créant un essorage de la colonne avec mise en spirale). Cet exercice m’a rappelé de très bons moments passés les mardi soirs aux cours d’applications, rue Vulpian, lorsque je débutais. Je faisais souvent cet exercice avec Jean- Philippe, un pratiquant sympa qui se déplaçait à vélo.
– assouplissement des épaules en poussée des 2 mains (les coudes montant haut vers l’arrière en faisant une spirale continue des bras). Ici, on ne retrouve pas tous les mouvements de la poussée standard.
– travail des cartons (pieds parallèles, buste et centre face au partenaire), (et travail du back – sa caractéristique étant que le centre soit rigoureusement toujours dans le talon. On ne passe pas sur le milieu ou l’avant du pied. Yves me l’a rappelé personnellement, c’est donc un point à travailler pour moi et à ne pas oublier). Ce travail évolue ensuite vers lever les mains, poing sous le coude, etc …
– travail spécifique du back de lever les mains puis lü en position back (comme dans 1ère, 2e et 3e partie), réalisé avec Valérie. Penser à la jambe d’action et aux flexions, être souple, léger. Ne pas oublier la roue des bras dans lü; si possible, et le relâcher des poignets avant d’agir.
– énergétique : talon pointes avec les jambes tendues. Face au partenaire : tirer puis pousser. Même chose en lü (tirer) et peng (parer d’une main) avec jambes en pas d’arc (idée du grand pied). Ce travail favorise les roues des pieds (chenilles de pelleteuse) (il peut être utile de penser à mettre la roue en action avant le contact et la continuer après). Cette roue des pieds pourra amener à la roue des jambes et pourquoi pas, avec le temps et le travail, passer dans tout le corps. Mais il faut le travailler (en stage avec Yves par exemple!) sinon ça restera de l’illusion …
– two to one (2 to 1) dans la forme.
– travail à deux sur le souffle interne (lü et peng) puis avec un geste direct ressemblant à repousser d’une main (le bras part directement tout droit, comme une flèche, doigts allongés. On pourrait aussi le faire avec un coup de poing.)  et ensuite pousser d’un bras en oblique ( ce n’est pas un mouvement de la forme mais il est apprécié par Yves). Avec la respiration ordinaire, le geste ne passe pas, il est bloqué par le partenaire qui résiste, mais en inversé il y a une action, le partenaire part. Il est même affecté pendant l’inspir. Il faut agir sur l’expir en pinçant les lèvres. Le travail sur la respiration inversée se fait sans temps d’apnée entre inspir et expir! Pour ceux qui s’en rappellent, on peut imaginer que l’on hume le doux parfum d’une fleur … On en prend plein le nez …
– pratique de la forme en souffle inversé
– Retour au calme devant les arbres de la forêt (dessinée sur le mur de la salle, mais quand même, on pourrait presque s’y croire en fermant un peu les yeux … ).

Ce que j’aime dans ces stages, parmi d’autres choses, c’est lorsque Yves m’appelle pour montrer un mouvement ou quand il me teste, pour me permettre de ressentir la qualité des contacts qu’il me transmet afin d’en garder et mémoriser le mieux possible la qualité. C’est de bénéficier de ses conseils personnalisés et avisés, et aussi de sa prévenance. J’en prends soin, à ma mesure.

C’est très enrichissant sur le plan du Taï Chi Chuan mais aussi sur le plan humain ou personnel. Merci !

NB: J’ai écrit cet article sur le stage de Yves BLANC pour plusieurs raisons. La première parce que ça me faisait plaisir évidemment ! La deuxième parce que j’ai écrit des comptes rendus sur d’autres stages (Hino Budo) mais je n’avais encore rien écrit sur les nombreux stages de Taï Chi Chuan que j’ai suivis avec Yves depuis plusieurs années! Voilà c’est fait! De plus, de nombreuses requêtes sur internet atterrissent sur mon blog avec le terme «Yves BLANC taï chi» par exemple. Cet article permet ainsi de se rendre compte du travail qualitatif que nous réalisons lors de ses stages.
Cependant, je ne pense pas en écrire d’autres (sauf avec l’accord de Yves) car le mieux est de pratiquer, et donc d’aller dans ses cours ou ses stages. Je tenais à apporter ces précisions car parfois certains lecteurs s’étonnent que je «livre» autant de détails, inquiets que les «secrets» de notre style soient rendus publics. Là-dessus, j’ai une réponse précise à apporter. Bien sûr, qu’en écrivant il faut réfléchir à la limite entre ce qui peut être dit sur la toile et ce qu’il vaudrait mieux garder pour le stage. Mais on peut également nous révéler tous les «secrets» du monde, si on ne les travaille pas, cela n’a pas grand intérêt. Le Taï Chi Chuan n’est pas de la théorie, il faut le pratiquer, c’est assez difficile et ça prend du temps. De plus, ce qui est décrit, se retrouve dans d’autres cours ou stages de notre école avec quelques variantes. Je vous rassure (ou pas), des secrets, en Taï Chi, je n’en connais pas beaucoup.
Allez, là je vous en révèle un vrai (sans l’autorisation de la personne qui me l’a confié!), et réellement efficace pour la pratique:
Regardez ce que vous faites, avec vos yeux!
Comprenne qui pourra 😉

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